Le raffinage en point de mire

Actuellement, la Congolaise de Raffinage (CORAF), une filiale de la Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC), exploite l'unique raffinerie du pays à Pointe-Noire. Avec une capacité de traitement d'un million de tonnes par an, la CORAF convertit le pétrole brut en produits finis tels que le gaz butane, l'essence, le kérosène, le diesel léger et le fioul lourd, répondant ainsi à environ 70 % des besoins du pays en produits pétroliers raffinés. Le pétrole brut raffiné à la CORAF provient principalement du terminal de Djeno, situé au sud de Pointe-Noire, par lequel transite 95 % de la production pétrolière du pays. Ce terminal est relié à la raffinerie par un oléoduc de 25 km. 

Pour répondre à la demande intérieure croissante et réduire la dépendance aux importations, le gouvernement a lancé la construction d'une nouvelle raffinerie à Fouta, près de Pointe-Noire. Connu sous le nom de Raffinerie Pétrochimique de l'Atlantique, ce projet est développé en partenariat avec la société chinoise Beijing Fortune Dingheng Investment, ce qui représente un investissement d'environ 600 millions de dollars. La première phase vise à atteindre une capacité de production de 2,5 millions de tonnes par an, en se concentrant sur l'essence et le diesel de haute qualité, ainsi que sur des produits domestiques tels que le gaz de pétrole liquéfié, le kérosène et le mazout. En outre, elle produira des matières premières pétrochimiques telles que le propylène et le naphta hydrogéné. La raffinerie devrait entrer en service d'ici à la fin de 2025, contribuant ainsi de manière significative à la sécurité énergétique nationale. 

Les projets gaziers en aval

Le Congo fait progresser activement son secteur gazier en aval grâce à des projets importants et à une planification stratégique. Une initiative notable est le projet Banga Kayo de Wing Wah, un développement onshore visant à monétiser le gaz associé précédemment brûlé à la torche. Sur sa durée de vie de 25 ans, le projet devrait produire environ 30 milliards de m3 de gaz, qui seront transformés en gaz sec, en GNL, en GPL et en polypropylène. Ce développement permettra non seulement de réduire les émissions de carbone, mais aussi de contribuer à l'approvisionnement énergétique national.

Un autre projet important en aval dans le secteur du gaz est Congo LNG d'Eni, qui a commencé avec la livraison de sa première cargaison de GNL à partir de l'installation Tango FLNG en février 2024. Ce projet, qui aura une capacité totale de liquéfaction de 3 millions de tonnes par an, représente une étape importante vers l'augmentation de la capacité de production de GNL du pays, facilitant à la fois la consommation intérieure et le potentiel d'exportation.

En complément de ces projets, la République du Congo se prépare à lancer un plan directeur du gaz et un nouveau code du gaz. Ces cadres visent à encourager les investissements dans l'ensemble de la chaîne de valeur du gaz naturel, en fournissant une feuille de route pour le développement de l'infrastructure qui stimule l'industrialisation et la croissance économique.

En établissant un cadre réglementaire clair, le plan directeur pour le gaz devrait attirer de nouveaux investissements dans des projets de GNL, de GPL et de transformation du gaz en électricité, renforçant ainsi l'engagement du pays à mettre ses ressources en gaz naturel au service du développement durable.

Collaborations internationales et perspectives d'avenir

Conformément à sa stratégie de modernisation des installations existantes et d'augmentation des capacités de raffinage, le Congo renforce ses partenariats internationaux. Notamment, en novembre 2024, la SNPC a signé un contrat avec la State Oil Company of the Republic of Azerbaijan pour moderniser la raffinerie CORAF. Cette modernisation vise à améliorer la capacité de la raffinerie et la qualité des produits, en s'alignant sur l'évolution des réglementations environnementales et en renforçant la sécurité énergétique du Congo.  

En octobre 2024, la Russie a provisoirement accepté de construire un oléoduc reliant le port de Pointe-Noire à Brazzaville, dans le but d'améliorer l'efficacité de la distribution de carburant dans le pays. Suite à cet accord, Jocelin Patrick Mandzela, consul honoraire du Congo à Saint-Pétersbourg, a indiqué que la construction d'une raffinerie de pétrole avec la collaboration de la Russie est prévue comme la phase suivante de ce projet intermédiaire. En outre, en mai 2024, la compagnie pétrolière nationale algérienne, Sonatrach, a rencontré la SNPC pour étendre leur collaboration dans le développement des ressources en hydrocarbures, en se concentrant sur l'amélioration des capacités de raffinage du Congo.

En modernisant son infrastructure en aval et en encourageant les collaborations internationales, la République du Congo se positionne pour répondre plus efficacement à la demande énergétique nationale et devenir un acteur important sur le marché régional des produits pétroliers raffinés. Le prochain Congo Energy & Investment Forum 2025, prévu les 25 et 26 mars 2025 à Brazzaville, servira de plateforme centrale pour présenter ces avancées. Le forum vise à mettre en relation les développeurs de projets avec les régulateurs et les décideurs congolais, afin de faciliter de nouveaux investissements et partenariats dans le secteur énergétique du pays.